Deux histoires de bonheur (Hyun Suh, originaire de Corée du Sud)
Le 8 septembre 2003, un mignon petit garçon est né en Corée. C’est exactement à ce moment que nous avons amorcé nos démarches d’adoption. Qui aurait cru qu’au moment où nous décidions d’opter pour l’adoption internationale, notre fils naissait à l’autre bout du monde ?
Nous avons essayé pendant plusieurs années d’avoir un enfant. Toutefois, notre désir de fonder une famille était devenu beaucoup trop grand pour attendre encore qu’un miracle se produise. L’adoption internationale nous est alors apparue comme le meilleur moyen pour réaliser notre rêve. Le choix du pays ne s’est pas fait sans réflexion. Nous avons considéré plusieurs options, mais notre choix s’est arrêté sur la Corée principalement pour trois raisons : la santé des enfants et leur milieu de vie ; la possibilité de retrouver un jour leurs parents biologiques ; le délai d’attente qui n’était que d’environ six mois. Toutefois, la grande probabilité qu’un garçon nous soit proposé nous a un peu surpris au départ. Nous avions de la difficulté à changer l’image stéréotypée que nous avions de l’adoption en Asie, et à nous projeter comme parents d’un petit garçon coréen. Nous savions toutefois que nous étions prêts à accueillir un enfant peu importe son sexe.
Premier bonheur
Douze semaines après l’envoi de notre dossier en Corée, le téléphone sonna enfin à la maison pour nous annoncer qu’un merveilleux petit garçon, âgé de presque sept mois, nous était proposé. Bien sûr, nous avions espéré un enfant un peu plus jeune, mais Hyun Suh était si adorable que ce détail fut bien rapidement oublié. Par contre, certaines informations fournies avec la proposition nous ont un peu inquiétés : la mère avait bu un peu d’alcool durant la grossesse et Hyun Suh avait un petit canal à côté de l’oreille gauche. Toutefois, suite à une consultation avec un médecin, nous avons avec grande joie, sans hésiter, accepté la proposition.
Quelques semaines plus tard, nous partions donc pour Séoul afin d’aller y rejoindre notre fils. La visite auprès de la famille d’accueil fut très émouvante. On nous a reçus très chaleureusement. La nounou mettait spontanément Hyun Suh dans nos bras en lui disant : « Voici ton papa et ta maman ». Nous avions cru qu’il serait bien difficile pour nous d’attendre quelques jours avant d’avoir enfin notre enfant auprès de nous. Cependant, les excellentes conditions dans lesquelles il vivait nous ont vite rassurés.
L’adaptation
À notre retour de Corée, l’adaptation a été plus difficile. Il nous semblait que notre petit garçon réagissait plus fortement au changement d’environnement : des pièces beaucoup plus grandes et des couleurs beaucoup plus vives. Sa petite chambre que nous avions décorée avec tant de soins semblait, durant les premiers jours, lui faire un peu peur. Pendant environ deux semaines, il a eu de la difficulté à dormir. Cela nous semblait tout à fait normal puisqu’il dormait auparavant couché à côté de sa nounou. Cependant, patiemment, nous avons insisté pour qu’il s’habitue à dormir seul. Nous avons dû le laisser pleurer, le laisser se fâcher et bien sûr tendrement le rassurer.
Hyun Suh semblait être un petit garçon pêtant de santé à son arrivée. Il marchait déjà à onze mois et comprenait facilement notre langue. Cependant, lors de notre première visite médicale, nous avons appris qu’il avait un problème de santé qui lui causera peut-être certaines difficultés lorsqu’il sera plus vieux. Nous avons été surpris par cette nouvelle, mais cela nous a fait réaliser que de multiples imprévus peuvent survenir durant la croissance d’un enfant et comme parents adoptifs, nous devons être prêts à y faire face. Le bonheur que nous apporte notre fils est, en contrepartie, bien plus grand et beaucoup plus précieux que ce que nous aurions pu nous imaginer.
Hyun Suh grandit et eut bientôt deux ans. Il s’est facilement adapté à nous et à sa garderie. Le hockey est devenu son sport national et le base-ball ne le laisse pas indifférent. Il lève même sa petite jambe pour lancer la balle.
Second bonheur (Mee Jung, originaire de Corée du Sud)
Tant de bonheur et de joie à le voir grandir nous ont rapidement donné le goût d’agrandir notre famille et d’adopter une petite fille de la Corée. Nous avons décidé, sans aucune hésitation, d’adopter un deuxième enfant de ce pays, car nous avions vu les excellentes conditions offertes aux enfants mis en adoption. Les démarches pour préparer le deuxième dossier se sont faites facilement et rapidement. L’attente fut moins longue que lors de notre deuxième demande, et la proposition pour notre fille est arrivée quelques semaines après l’envoi de notre dossier. Contrairement à notre fils, Mee Jung n’avait que quelques semaines au moment de la proposition. Nous étions contents de cette nouvelle car nous savions que nous aurions la chance de bercer un tout petit bébé. Dès ce moment, nous avons commencé à préparer notre fils à l’arrivée de sa petite sœur. Nous lui avons fait une nouvelle chambre de petit garçon, bien à lui, avec un grand lit, en lui expliquant que dorénavant ce serait Mee Jung qui dormirait dans la couchette. Nous lui avons souvent raconté l’histoire de « Van Tien », une histoire d’adoption au Vietnam, ce qui lui a permis de bien comprendre que nous allions prendre l’avion pour faire un « long long voyage » et revenir avec sa petite sœur. Nous lui avons souvent montré les photos de Mee Jung et rapidement il fut capable de dire à tout le monde que c’était sa petite sœur et que ses parents iraient bientôt la chercher.
Le jour du départ arriva entre deux et trois mois après la proposition. Tout était bien préparé, dont les bagages et l’horaire de gardiennage des grands-parents de Hyun Suh. Notre voyage fut un peu plus bref afin de ne pas laisser notre fils trop longtemps. Nous avions considéré la possibilité de l’amener avec nous, mais nous avons cru qu’à deux ans, les dix-huit heures d’avion seraient trop éprouvantes pour nous et pour lui qui a tant besoin de bouger. Par ailleurs, nous avons cru bon d’avoir quelques jours seuls avec Mee Jung pour pouvoir lui accorder 100 % de notre temps, et pour établir avec elle un bon contact. Ce fut agréable de retourner à Séoul et de s’y sentir, cette fois, un peu plus comme chez nous. Les premiers contacts avec Mee Jung ont été faciles et c’est à nouveau à notre retour que nous avons vécu une période d’adaptation. Hyun Suh demandait beaucoup de notre temps, car il ne savait pas ce que c’était que de partager ses parents. De son côté, Mee Jung était plutôt indépendante et agitée. Elle était très curieuse et nous regardait très peu dans les yeux. Nous nous sommes un peu inquiétés et c’est nous cette fois qui avions l’impression de peu nous attacher. Nous avons mis la faute sur le peu de temps que nous laissait Hyun Suh pour s’occuper de sa sœur, sur la crainte que nous avions de faire de la peine à notre fils et sur la nécessité d’un délai pour établir une nouvelle routine familiale.
Seconde adaptation
Soudainement, deux semaines après notre retour, Mee Jung changea de caractère et devint une petite fille « colleuse » et souriante qui cherchait à se faire prendre et se faire cajoler. Sans que nous le sachions, c’était probablement elle qui était en période d’adaptation, mais ne la connaissant pas encore, nous ne pouvions le savoir. Ainsi, après ces quelques semaines, nous sommes tombés amoureux de ce petit bébé et avons pu finalement lui chuchoter à l’oreille : «Nous sommes ton papa et ta maman et nous t’aimerons toujours ». Et tranquillement, une nouvelle vie de famille s’est mise en place. Nous avons appris à partager notre attention entre Hyun Suh et Mee Jung afin de respecter chacun leurs besoins. Hyun Suh apprend tranquillement à être non seulement un grand frère protecteur pour sa petite sœur, mais aussi protecteur de ses jouets. Et nous sourions de bonheur à chaque fois que nous l’entendons lui dire : « Mais t’es donc ben belle, ma p’tite cocotte ».