Lettre à mon fils Olivier, adopté en Corée
Cher Olivier Jongmin,
Tu célébreras tes 9 mois d’existence dans quelques jours, et voilà maintenant un mois que tu vis parmi nous. Nous te connaissons maintenant un peu plus, et t’aimons déjà beaucoup. Tout a commencé le matin de Noël, alors que nous avons croisé le Père Noël dans le ciel : ton papa et moi étions dans l’avion qui nous menait à Séoul pour te rencontrer. Nous ne pouvions imaginer plus beau cadeau…
À notre arrivée en sol Coréen, nous étions fébriles et heureux d’enfin pouvoir te voir en personne. Dès le lendemain matin, nous avions rendez-vous avec la travailleuse sociale de la Social Welfare qui allait nous accompagner pour une visite chez ta maman d’accueil, ta « Um-ma » comme on dit en coréen. Um-ma est une très belle femme d’une cinquantaine d’année qui clairement aime les bébés, car elle accueille des enfants en attente d’adoption depuis maintenant 12 ans. L’attachement semble mutuel entre elle et toi. Nous sommes conscients que cette séparation d’elle sera un autre deuil à ajouter à ta courte vie. Nous avons pris quelques photos et te parlerons d’elle quand tu le voudras bien.
Par le biais de la travailleuse sociale, qui faisait office d’interprète, Um-ma nous a conté tes prouesses, tes finesses et tes routines, avec une fierté et une tendresse quelque peu timide. Pendant ce temps, tu nous examinais de biais avec ton petit regard espiègle et curieux. Notre cœur a flanché. Après une heure de visite, il était malheureusement temps de partir.
Quand nous sommes allés te chercher à la Social Welfare le jour suivant, nous étions à la fois excités et nerveux : comment allait se dérouler cette étape cruciale d’un processus entrepris il y a si longtemps ? Allais-tu pleurer ? Que pouvais-tu comprendre de tout ce brouhaha, entouré d’inconnus ? Allions-nous être en mesure de te rassurer ? Et que dire du long voyage en avion qui nous attendait ? Notamment, serions-nous capable de t’assurer les biberons de lait très chaud auxquels ta Um-ma nous a dit que tu étais habitués ?
Après l’avoir remerciée maintes fois pour tout ce qu’elle a fait pour toi, Um-ma a quitté la salle où nous étions. Elle semblait bien triste de te laisser, et nous ne pouvions que sympathiser en silence, en même temps que nous envisagions le futur immédiat avec toi. Bien sûr, une fois arrivé à notre chambre d’hôtel, tu as manifesté tes inquiétudes et ta nervosité à ta manière… Mais une fois cette crise de larmes apaisée, tu as accepté le biberon que nous t’avons offert; il semblait assez chaud à ton goût. Et tu as accepté nos bras pour te porter, te cajoler doucement, prenant le temps de se découvrir mutuellement. Puis tu as accepté le petit lit que nous avons préparé à côté du nôtre. Et quel champion tu as été lors du voyage de retour ! 20 heures d’avion et d’aéroport achèveraient les voyageurs les plus aguerris, mais toi, tu as fait tout le trajet en dormant, en jouant, en nous observant, et même en charmant quelques agentes de bord!
Quand nous sommes arrivés à la maison, nous étions tous les trois vidés. Plusieurs jours et nuits ont été nécessaires afin que tu t’habitues à notre fuseau horaire, à ta nouvelle maison, à ta nouvelle vie. Ajoutons à cela une poussée de trois dents en simultané, cela nous a garanti quelques nuits blanches !
Tout porte à croire que tu te plais parmi nous. Tu souris et tu ris de plus en plus souvent, tu aimes bien jouer avec nous, tu explores ta nouvelle maison à quatre pattes, tu es très heureux dans le bain, tu manges avec appétit, et tu acceptes maintenant de te faire bercer avant le dodo. Le voyage pour aller te cueillir est maintenant derrière nous, mais nous sommes conscients que le voyage pour devenir tes parents de cœur est à peine commencé. 20 heures d’avion et d’aéroport nous semblaient une éternité, un long trajet que nous appréhendions. Mais pour ce qui est du trajet à ton cœur, cela prendra le temps qu’il faudra…nous sommes installés confortablement et comptons bien profiter de chaque instant du voyage !
Ta maman, Christiane